En mai dernier, « The American Journal of Respiratory Cell and Molecular Biology » publiait les résultats inquiétant d’une étude sur le déclin des fonctions pulmonaires ainsi que des conséquences sur les voies respiratoires pour les personnes nettoyant à base de produits chimiques que ce soit à domicile dans le cadre de l’entretien quotidien à la maison ou au travail.
Pourquoi avoir mené une telle étude et ces recherches ?
Toutes les fonctions, tâches de maintenance et/ou nettoyage impliquant une exposition prolongée et régulière que ce soit à des solvants ou détergents chimiques impliquerait des effets non sans conséquences sur le système respiratoire et augmenterait les risques de maladies telles que l’asthme, cancer des poumons et autres maladies respiratoires.
Ceci toucherait non seulement les professionnels du nettoyage mais également les particuliers utilisant eux aussi des solutions dangereuses pour leur santé au sein de leurs foyers.
Les effets de cette surexposition ne se feraient pas sentir sur le court-terme mais bien au contraire sur le long-terme sans que personne n’imagine un instant l’origine de ces maladies.
Nettoyer régulièrement avec des produits chimiques équivaudrait à fumer environ 20 cigarettes par jour d’après cette étude.
Comment s’est déroulée cette étude ?
« The European Community Respiratory Health Survey » (ECRHS) a mené ses recherches sur différentes populations pendant une durée de 20 ans pour connaitre les effets sur le long terme de cette exposition aux produits chimiques.
En effet, bien souvent les maladies respiratoires sont lentes à se déclarer d’où l’importance d’analyser les effets sur le long terme d’une exposition quasi quotidienne à des solvants et détergents chimiques.
Au total entre 1992 et 2012, 6 235 utilisateurs européens âgés de 20 à 40 ans ont été soumis à des tests mesurant au moins les données d’un poumon à chaque fois à travers 22 centres d’études. Les participants a cette étude avec un âge moyen de 34 ans au commencement des recherches et ont été suivis pendant 20 ans.
En parallèle des tests physiques effectués, des questionnaires sur les divers activités de maintenance, nettoyage, fréquence, produits utilisés…ont également été soumis aux participants.
Les observations liées à l’étude
Parmi les résultats observés, un des critères déterminant aura été la quantité d'air maximale expirée en une seconde, plus communément appelée VEMS (ou FEV1 en anglais).
Selon les résultats de cette étude, la VEMS des femmes exposées de manière prolongée et régulière diminuerait de 22 ml par an, versus 18,6 ml par an pour les femmes non exposées.
Cette différence liée à la VEMS serait encore plus flagrante dans le cadre professionnel.
Un des autres critères, pris en considération dans le cadre de cette étude est la quantité totale d'air qu'une personne expire de force aussi appelée capacité totale forcée CVF ou (FVC en anglais).
Là aussi, une exposition et/ou utilisation prolongée et régulière à des produits de nettoyage chimiques doublerait la diminution de la CVF, avec 13,2 ml (pour la maison) et 14,4 ml (professionnel) de perdus par an, versus 7,9 ml pour une femme ni exposée ni utilisatrice de produits de nettoyage et maintenance chimiques.
D’après l’étude du ECRHS , le déclin accéléré des fonctions pulmonaire tant chez les particuliers que chez les professionnels équivaudrait à fumer 1 paquet de cigarettes soit 20 cigarettes par jour.
Parmi les maladies s’étant déclaré au cours de ces 20 années de recherche, l'asthme est généralement plus souvent constaté chez les femmes exposées à la maison (12,3%) et/ou au travail (13,7%) versus celles qui ne seraient pas exposées (9,6%).
Pourquoi les femmes sont-elles plus touchées ?
L’un des auteurs de l’étude, le professeur Norvégien Øistein Svanes a déclaré qu’inhaler de microparticules (COV) issues de produits destinés aux sols, vitres, sanitaires…a forcement un impact sur les voies respiratoires et fonctions pulmonaires.
Les auteurs de cette étude explique que le déclin des fonctions respiratoires et pulmonaires accéléré serait la conséquence d’une irritation des muqueuses tapissant les voies respiratoires entraînant des changements persistants et un remodelage de ces dernières à cause d’une exposition régulière et prolongée aux produits de nettoyage et maintenance chimiques.
Ce déclin des fonctions pulmonaires et voies respiratoires est bien plus observable chez les professionnels exposés à ces substances tous les jours.
De plus, on constate que les femmes déclarant faire le ménage dans le cadre de leurs lieux d’habitations seraient elles aussi très touchées par cette baisse de leurs fonctions pulmonaires.
Les résultats de cette étude concernent principalement les femmes qui étaient plus nombreuses dans le panel d’étude.
La raison est assez simple, puisque la quantité d’hommes ayant une profession d’agent d’entretien est moins importante que la proportion des femmes et ne permettrait pas ainsi d’avoir un panel suffisant pour en faire un résultat statistique fiable.
De plus, parmi les hommes participant, 46% déclareraient faire le ménage à domicile contre 85% pour les femmes.
Par ailleurs les hommes dont l’activité professionnelle les expose à des substances chimiques n’en prennent pas suffisamment conscience pour le déclarer lors de cette étude.
Enfin, les chercheurs ont également développé l’hypothèse selon laquelle la constitution des femmes serait plus fragile que celle des hommes dans le cadre d’une exposition régulière et prolongée aux produits chimiques.
En effet, de précédentes études indiquaient qu’avec une exposition moindre chez la femme à la fumée de tabac, poussière de bois, COV… suffisait pour développer une maladie.
Quoiqu’il en soit, cette étude révèle bien la dangerosité des produits chimiques qu’ils soient dans le cadre professionnel ou personnel et qu’ils concernent la maintenance, le nettoyage ou toute autre exposition aux produits chimiques.
Il est donc vivement recommandé d’éviter l’utilisation de produits chimiques sans protection tant dans le cadre professionnel que personnel et pour cela des alternatives existent telles que les produits d’entretien et de maintenance enzymatiques.
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