Les risques professionnels liés aux raffineries de pétrole sont souvent sous-estimés, pourtant, ils sont bels et biens présents étant donné les quantités importantes de produits pétroliers, gazeux… étant tout aussi inflammable qu’explosifs voir toxiques à des températures élevées.
Aujourd’hui nous allons rentrer en détail sur les différents risques professionnels présents au sein des raffineries de pétrole d’après Officiel et Prévention.
Le pétrole en France :
Nous vous en parlions dans l’un de nos précédents articles, mais la France compte 50 centre de stockage de pétrole et produits pétroliers qu’ils soient gazeux ou liquides.
Ces centres de stockage permettent de conserver le pétrole et ses dérivés avant raffinage. La France possède 9 raffineries en activité, dont 8 sont situées en métropole, la dernière étant en Martinique.
Mais à quoi sert le raffinage ? Eh bien pour simplifier les choses, afin de pouvoir fabriquer des matières plastiques, des textiles, du caoutchouc, du carburant, du bitume, des solvants organiques ou tous les autres produits issus de la pétrochimie… le pétrole brut doit être raffiné.
Ce procédé de raffinage implique plusieurs opérations sur le pétrole brut allant de la forte chaleur à la pression et aux réactions chimiques.
On distingue 3 étapes dans le raffinage :
- La distillation également connue sous le nom de séparation
Cette étape consiste à séparer grâce à la chaleur et en fonction de la température d’évaporation les produits légers comme les gaz, les essences, les naphtas (white-spirit), des produits moyens comme le gazole, le kérozène et des produits lourds comme les fiouls lourds et bitumes.
Bien entendu il y a plusieurs étapes dans la distillation permettant par la suite d'augmenter la quantité de gazole et de limiter les quantités de fiouls lourds et de lubrifiants.
- La transformation et d'amélioration des coupes (unités de raffinage)
Diverses unités permettent de craquer et de réagencer les molécules afin d'améliorer la qualité des produits ou encore d'en éliminer le soufre. On parle alors de craquage thermique ou catalytique qui casse et combine les molécules pour former des molécules plus grandes par alkylation à l’acide sulfurique ou fluorhydrique ou par polymérisation et par d’autres procédés de conversion (isomérisation, reformage catalytique ...).
- La fabrication finale des produits
Par mélanges des différentes bases, les raffineries obtiennent des produits conformes aux normes et réglementations comme les carburants, plastiques, textiles, bitumes…
Compte tenu des différentes étapes de raffinage, les risques au sein des raffineries sont multiples. Ils peuvent être à la fois physiques et chimiques et aller d’une fuite ou d’un déversement à un éclatement de tuyauterie avec projections, en passant par l’incendie…
En effet, les raffineries nécessitent d’importantes installations aussi bien en matière de production et d’utilisation d’énergie (chaleur, électricité ...), que de refroidissement, de traitement des gaz résiduels et eaux usées, d’extraction et pour tout ce qui concerne la récupération de produits divers (soufre ...).
Les raffineries comportent souvent un vaste réseau de canalisations en taille et en étendue qu’il faut entretenir afin d’éviter tout accident et d’énormes réservoirs de stockage, de cuves, citernes ... pour produits pétroliers.
Par conséquent les travaux au sein des raffineries nécessitent fours, réchauffeurs, échangeurs… exposant les travailleurs non seulement à de fortes chaleurs mais également à différents gaz voir même des produits chimiques pouvant être en plus caustiques et/ou toxiques déclencheurs parfois même de certains cancers.
Les différents risques inhérents aux raffineries :
Les risques chimiques des raffineries :
Comme vous pouvez l’imaginer, les opérations de raffinage du pétrole comportent de nombreux et importants risques chimiques conséquences d’une exposition aux hydrocarbures mais pas uniquement. Sont également sources de risques, les produits catalyseurs, réactifs, acides ou bases utilisées ou aux produits résiduels comme les dérivés soufrés.
Outre l’exposition, la pollution de l’air environnant due aux émissions de substances toxiques et dangereuses pendant la manipulation est un facteur aggravant. Viennent s’ajouter des risques liés à la maintenance des installations et équipements.
Risques chimiques des hydrocarbures :
Parmi les principaux risques, l’anoxie ou l’asphyxie par manque d’oxygène sont le résultat de gaz et vapeurs d’hydrocarbures pouvant causer des malaises allant jusqu’à la mort.
On retrouve en général ce type de risques avec des hydrocarbures gazeux du type gaz de pétrole liquéfié GPL, propane, butane... mais aussi les vapeurs de liquides hautement volatils en fortes concentrations comme les essences et solvants.
A noter que dans les lieux mal ventilés ou confinés, ces gaz et vapeurs peuvent entrainer sérieuses complications respiratoires pouvant aller jusqu’au coma.
Du fait de la grande volatilité et des sources d’émission très nombreuses des fractions gazeuses et des liquides les plus volatils extraits du pétrole, des gaz et vapeurs d’hydrocarbures se retrouvent en concentration plus ou moins élevée à de nombreux postes de travail, induisant une exposition toxique respiratoire et parfois cutanée à de très nombreux travailleurs.
Il faut savoir que lorsque les travailleurs inhale ces gaz et vapeurs d’hydrocarbures ces derniers pénètrent directement dans les poumons, et traversant le tissu lipo-cutané se retrouvent à circuler par voie sanguine dans le corps entier et donc dans le cœur voir le cerveau et pouvant même aller jusqu’à moelle osseuse et atteindre ainsi le système nerveux central.
Il ne faut pas oublier que certains hydrocarbures ou leurs dérivés sont mutagènes et cancérigènes.
En général, les vapeurs d’hydrocarbures affectent des organes cibles divers :
- Irritations des yeux et de la gorge,
- Troubles des organes respiratoires (asthme...),
- Troubles cardiaques,
- Troubles digestifs (nausées...),
- Troubles du système nerveux,
- Maux de tête,
- ...
Bien entendu, la gravité des risques liés aux émanations toxiques des hydrocarbures dépend de différents facteurs :
- La toxicité intrinsèque à la molécule chimique concernée
- La grosseur de la molécule
- La concentration,
- La fréquence,
- La durée d’exposition,
- La combinaison entre les produits,
- La sensibilité de chacun aux allergènes
En parallèle, les hydrocarbures aliphatiques des carburants comme le kérosène, l’essence, le gazole, ... eux ont une toxicité généralement modérée.
Les effets sont que maux de tête, vertiges... allant jusqu’aux troubles du système nerveux et digestif à fortes concentrations.
A fortes concentrations, ils entraînent aussi des troubles du système nerveux et du système digestif.
Concernant les hydrocarbures aromatiques comme le benzène, le toluène, le xylène, le styrène, etc. Ces derniers sont clairement plus dangereux pour la santé que les hydrocarbures aliphatiques. Leurs fumées et vapeurs provoquent :
- Troubles neurologiques (céphalées, vertiges, agitation, irritabilité, somnolence, convulsions, ébriété),
- Affections gastro-intestinales accompagnées de vomissements à répétition,
- Anémies dues à la toxicité pour les cellules sanguines et la moelle osseuse (benzolisme),
- Affections des voies respiratoires supérieures et inférieures : manifestations aiguës comme les irritations pulmonaires et laryngo-pharyngées, ou manifestations respiratoires chroniques (bronchites, emphysème).
- Irritations oculaires (conjonctivites) et cutanées.
- Ototoxicité, en particulier pour le toluène, le xylène et le styrène
Risques chimiques des autres rejets gazeux :
On retrouve parmi ces risques, des atteintes respiratoires causées par l’inhalation d’autres gaz irritants, asphyxiant et/ou toxiques que dégage le raffinage du pétrole : H2S, NH3, HCN, CO, NO, NO2, SO2, HF ...
Le fait d’inhaler ces gaz toxiques et dangereux engendre des troubles et affections respiratoires aiguës voir chronique puisque ces gaz pénètrent dans les bronchioles et alvéoles pulmonaires.
A titre d’exemple, les oxydes d’azote (NOx) et le dioxyde de soufre (SO2) sont particulièrement présents dans les gaz de carneau. Les pétroles bruts eux renferment à l’état naturel du sulfure d’hydrogène (H2S) et celui-ci se forme également lors du raffinage. Par ailleurs les systèmes de réfrigération utilisent l’ammoniac comme réfrigérant. Sans oublier le fluorure d'hydrogène (HF), présent dans l'unité d'alkylation, et qui est un puissant corrosif et toxique.
Un « joli cocktail » de gaz pour votre santé d’où l’importance de porter vos EPI et de protéger votre santé.
Risques chimiques des produits acides et caustiques :
Les produits acides et caustiques utilisés pour désulfurer le pétrole brut avant raffinage que ce soit dans les procédés de polymérisation (acide phosphorique) et dans les procédés d’alkylation (acide sulfurique ou d’acide fluorhydrique) sont très corrosifs pour la peau et irritants des voies respiratoires. Ils peuvent entrainer de graves brûlures, ulcérations, lésions aux yeux en cas de projection…
Risques chimiques des solvants organiques :
Dans le cadre du raffinage, la distillation (séparation du pétrole) expose les travailleurs aux solvants organiques au sein des raffineries.
Parmi ces solvants on retrouve le toluène, le benzène, le xylène mais aussi le butanone ou encore d’autres cétones comme le méthylisobutylcétone (MIBK) ...
L’exposition à ces solvants organiques entrainent de sérieux et nombreux troubles pour toutes les fonctions corporelles certaines pouvant être irréversibles
Ces solvants organiques sont volatils et capables de dissoudre les graisses de l'organisme afin d’agir sur la conduction des influx nerveux.
Comme pour les hydrocarbures, ces derniers pénètrent dans les poumons et passent directement dans le sang, puis dans le cœur et le cerveau.
Comme tous solvants organiques, ces derniers sont responsables d’irritations de la peau, des yeux et de la gorge, de lésions des organes respiratoires, de troubles digestifs, de troubles du système nerveux, de maux de tête, de vertiges…
En parallèle, les solvants aromatiques comme le benzène, toluène, xylène, styrène, etc.) sont responsables eux de troubles neurologiques tels que des céphalées, vertiges, agitation, irritabilité, somnolence, convulsions), des affections gastro-intestinales accompagnées de vomissements à répétition, des anémies dues à la toxicité pour les cellules sanguines et la moelle osseuse (benzolisme).
Risques chimiques des catalyseurs métalliques :
L’unité de reformage catalytique, certains procédés d’isomérisation, utilisent un réacteur avec un catalyseur métallique contenant
Le reformage catalytique dont nous vous parlions au cours des différentes étapes de raffinage utilisent un réacteur à base de platine, de molybdène, de cobalt, de nickel et/ou de molybdène.
L’exposition accidentelle à la suite d’une émanation accidentelle ou d’une manipulation inappropriée de ces composés métalliques peut être dangereuse.
Les catalyseurs métalliques sont très toxiques et peuvent entrainer des effets cytotoxiques, néphrotoxiques, ototoxiques, neurotoxiques et des réactions allergiques de la peau et des membranes muqueuses, des irritations au niveau des yeux, des muqueuses, du nez, de la gorge, des voies respiratoires voir accroitre les risques de cancer broncho-pulmonaire – à noter que le cobalt est aussi cardiotoxique.
Autres risques chimiques :
On retrouvera également des risques liés aux additifs et réactifs dès lors qu’il existe un dégagement de fumées contenant des particules d’oxydes de plomb ou de la poussière de plomb. L’absorption de plomb provoque des troubles respiratoires, digestives et la toxicité sanguine par manque d’hygiène des mains ou du visage entraine anémies, neurasthénies, anorexies, troubles de la mémoire et de la concentration intellectuelle…
D’autres risques chimiques existent et sont liés à l’amiante. L’amiante est la substance classée cancérogène pour l’homme sans aucun doute et interdite en France. Cependant elle est encore bien présente au sein des raffineries pour le calorifugeage des colonnes et les joints d’étanchéités, Malheureusement, les travailleurs les plus exposés sont ceux impliqué dans la maintenance, la rénovation ou le retrait des matériaux contenant ces fibres dangereuses.
Les risques physiques :
Travailler au sein d’une raffinerie implique des horaires variables de jour mais aussi de nuit. Qui dit travail de nuit, dit perturbation des rythmes de sommeil et donc des risques accrus d’accidents par manque de sommeil, somnolence, fatigue… liés à l’augmentation du temps de réaction aux aléas.
Par ailleurs d’un point de vue auditif, les raffineries sont de vraies sources de bruits entre les torchères, les fours, la circulation des véhicules de transport, les engins de chargement déchargement, les turbines, ... Dans certains cas, le niveau de pression acoustique engendrés par les bruits peut dépasser 80 dB. Ces sources de bruits peuvent certes atteindre le système auditif mais également être vecteur de stress et de maladies associées.
On retrouvera également parmi les risques physiques, les risques de brûlures liés aux équipements (tuyauteries, échangeurs,) et produits chauds (coke de pétrole…) pouvant également entrainer des céphalées, hypersudation, tachycardie, hypotension et, conjuguée à des températures de l’air élevée, provoquer des malaises dus à la déshydratation et des troubles circulatoires.
Saviez-vous qu’au-delà de 25 C° il existe des conséquences psychologiques impactant la précision des gestes, la vigilance et donc la sécurité, diminuant les capacités de réaction, provoquant irritabilité et agressivité – cela vous laisse sans voix ?
Attendez de lire la suite ! Les expositions au rayonnement infrarouge provenant des surfaces et matières chaudes augmentent les risques de cataracte et d’altération rétinienne et cornéenne – pensez à protéger vos yeux en portant vos EPI.
On dénombre d’autres risques physiques tels que : les chutes de plain-pied sur sol glissant, les projections de particules dans les yeux, les troubles musculosquelettiques, les risques d’électrocution …
Risques d’incendie et d’explosion
L’incendie et l’explosion sont parmi les risques les plus redoutés au sein des raffineries. En effet, les hydrocarbures qu’ils soient liquides ou gazeux sont extrêmement inflammables. La moindre étincelle peut tout faire basculer sur une raffinerie et permettre l’inflammation.
Bien entendu, les risques d’incendie varient en fonction des caractéristiques physico-chimiques de chaque hydrocarbure comme :
- La température d'auto-inflammation
- Le point d’éclair
- La température d’inflammabilité
- La limite d’explosivité
Les principales conséquences dangereuses consécutives à l’explosion ou à l’incendie sont les traumatismes liés au blast avec des brûlures, des ruptures tympaniques et l’intoxication respiratoire.
Prévention au sein des raffineries
Plusieurs mesures de prévention sont à prendre au sein des raffineries.
- Automatiser et mécaniser les process de raffineries
- Prévoir une installation en vase clos et en circuit fermé,
- Avoir un contrôle informatisé centralisé
- Prévoir des automates et des capteurs de température, pression, débit ...
- Réduire les interventions humaines sur les équipements
- Prévention collective : Informer et former les salariés sur les mesures de sécurité
- Informer et former sur les produits dangereux
- Porter des EPI : combinaison, gants, masques, chaussures et lunettes
- Réduire l’exposition des travailleurs
- Adoption d’un PPRT puisque les raffineries sont des sites SEVESO
- ….
Ici ne sont que les principales mesures de prévention en adéquation avec le troisième plan de santé au travail.
Vous pouvez aller plus loin dans la maintenance des raffineries en optant pour des solutions enzymatiques ciblées pour le pétrole brut ou le pétrole raffiné garante d’une efficacité supérieure aux produits chimiques tout en respectant votre santé et en préservant l’environnement.
Sur le même sujet :
- Dangers du naphta aussi connu sous le nom de white-spirit
- Allons-nous vers la fin de l’or noir ?
- DPW-5 : dispersant pétrole 3ème génération
- Désémulsifiant enzymatique eau-pétrole : une innovation Cleantech