Loin d’être l’information du mois, depuis déjà quelques années, les transporteurs de béton se plaignent des conditions de travail imposées par leurs donneurs d’ordre.
La crispation est telle qu’ils ont décidé de se regrouper au sein de l’OTRE pour acter la création d’une commission métier du béton.
Zoom sur le mécontentement des transporteurs de béton et l’action de l’OTRE.
Ras le bol général chez les transporteurs de béton
Pour rappel, un transporteur de béton qui plus est prêt à l’emploi achemine en général de la matière première dont la durée de vie ne dépasse pas deux heures avant de durcir et de n’être plus utilisable.
Cette course contre la montre, permet aux donneurs d’ordre d’avoir un pouvoir sur les transporteurs de béton imposant ainsi leurs propres règles sans possibilité de discussions sous peine de se voir retirer le transport au profit d’un concurrent.
Ceci n’est pas nouveau puisque la situation remonte aux années 1990 période durant laquelle les financiers ont pris le parti d’externaliser le transport du béton.
Avant 1990, les bétonniers avaient en interne un parc de véhicules avec leurs propres conducteurs. Puis ils ont décidé de leur proposer soit de racheter les véhicules (à l’image du bétonnier) soit de s’installer à leur compte avec leur propre véhicule. Bien entendu les conducteurs ont vu une aubaine et bon nombre ont accepté cette offre attrayante.
Cependant, outre le fait d’externaliser le transport, ce modus operandi a surtout permis aux bétonnier de garder la main mise indirectement sur leurs anciens salariés en continuant de leur imposer leurs propres conditions de travail alors qu’ils étaient maintenant à leur compte.
L’un des exemples d’actualité concerne les différents chantiers du Grand Paris pour lesquels les transporteurs de béton se voient imposer des protocoles de sécurité drastiques, inadaptés et inapplicable par les professionnels concernés.
Les bétonniers ont également d’autres demandes, ils sont de plus en plus nombreux à exiger des véhicules propres et nettoyés qui plus est sans produits chimiques.
D’autres imposent que le nettoyage des véhicules ne se fassent plus au sein des centrales à béton.
D’ailleurs sur le site transport info témoignait un transporteur de béton du 94 Malamine Dramé qui expliquait : « On investit 120 000 € dans du matériel qu’on ne peut utiliser que pour transporter du béton ; on travaille beaucoup, mais le rendement n’est pas à la hauteur. »
D’ailleurs le 29 janvier dernier, ils étaient plus de 180 véhicules à l’arrêt pour défier les bétonniers et marquer le coup.
Quelles revendications par les transporteurs
La colère des professionnels du transport de béton prêt à l’emploi est telle qu’ils ont décidé d’adresser une liste de revendication à leur ministère de tutelle.
Il faut savoir que de plus en plus de transporteurs sont tellement fragilisés par les conditions de travail des donneurs d’ordres qu’ils se retrouvent en faillite.
Parmi les principales revendications on retrouve :
- Garantir l’application de la clause gazole et le pied de facture, pour rappel il ne s’agit que des lois de protection des transporteurs
- Mettre en place un indice de coûts de revient spécifiquement pour le transport de béton et ceci très rapidement à travers une étude du CNR (Comité National Routier)
- Intégrer les professionnels du transport de béton à toutes les décisions impactant leur métier à savoir normes, sécurité…
- Mettre en place une indemnisation en cas d’intempéries comme il existe déjà pour les chantiers par exemple (couvrant gel, neige et autre restrictions de circulations non imputables aux transporteurs)
- Revoir les restrictions liées à la transition énergétique compte tenu de
l’absence de véhicules adaptés au transport de béton pour Paris et sa petite couronne, à compter du 1er juillet 2019
- Revoir la rémunération au tour inadaptée (à noter qu’il faudrait faire 5 tours par jour pour être rentable en région Parisienne là où la moyenne est de 3 tours à ce jour – or ceci est techniquement impossible en terme de temps). Pour rappel Un tour équivaut à une livraison c’est-à-dire placer le véhicule au poste de chargement et charger une quantité définie de béton dans le malaxeur. A noter que la livraison peut être rapide ou non selon la distance, la quantité transportée et la facilité de déchargement et ceci est particulièrement valable dans les métropoles sujettes aux embouteillages.
Ces revendications sont aussi le fruit de journées de travail à perte pour les transporteurs de béton qui n’ont pas toujours d’engagements mensuels.
Bien entendu, il est compliqué de « menacer » un bétonnier ou de négocier avec les bétonniers pour la simple et bonne raison que les véhicules de transporteurs de béton ne peuvent faire que cette activité et que se mettre à mal avec les bétonniers donneurs d’ordre impliquerait potentiellement de se voir « black-listé ».
D’ailleurs Gilles Kay gérant de GJ TRANSPORTS à Méry sur Oise dans le 95 expliquait dans une interview sur Transportinfo.fr « Le bon sens voudrait qu’on arrête au moins nos PL qui ne rapportent rien. J’ai 16 camions. En octobre dernier j’en ai arrêté deux qui me faisaient perdre de l’argent. Cela aurait pu être un moyen de mettre la pression sur mon client si un confrère n’avait pas repris les tournées. Il ne gagnera pas davantage sa vie, mais certains s’imaginent que c’est bien d’avoir beaucoup de véhicules. Le problème, c’est que c’est facile d’en avoir 50, mais bien plus compliqué de faire en sorte qu’ils gagnent tous de l’argent. Ceux qui acceptent de travailler à perte ne tiennent pas. Ils finissent toujours par déposer le bilan, mais pendant le temps où ils sont en activité, ils nous font du mal, car ils nous empêchent d’augmenter nos prestations. A 51 ans je ne vais pas faire autre chose, alors j’espère qu’avec l’OTRE on saura se faire respecter et faire entendre raison à nos donneurs d’ordre. »
Affaire à suivre auprès de l’OTRE qui devrait statuer prochainement avec la commission métier du béton.
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